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22 mars 2010 1 22 /03 /mars /2010 11:39

Bonjour à tous !

Quel plaisir de vous retrouver après ce si long hiver !

Beaucoup d'entre vous attendaient cet article depuis plusieurs semaines et commençaient même à désespérer, se demandant si j'allais le pondre un jour... Voilà chose faite mes petits.

Il est vrai que j'avais prévu , pour clore cette année 2009 riche en évènements, de vous parler des tous premiers Serpents nus "phasés" pour les fêtes de fin d'année. Finalement, pour des raisons climatiques et d'emploi du temps extrêmement chargé, cet article n'arrive "que" maintenant sur la toile.

Comme pour les autres articles, j'ai mis tout mon coeur à l'ouvrage et j'espère que le résultat sera à la hauteur de votre (longue) attente.

Un grand merci à Nicolas Duron (Easy Snakes), aussi bien pour ses photos que pour sa contribution déterminante dans la réalisation du spot vidéo "Destination Terrario III."

Un grand merci également à Stéphane Rosselle (Centre d'Elevage Reptilis) ainsi que Nicolas Hussard (NH Reptiles) qui sont mes partenaires dans le projet "Scaleless."




Un petit rappel historique.

Le 4 octobre 2002 est le jour de naissance de mon premier Pantherophis guttatus SP "Scaleless", fruit involontaire de l'union d'un Pantherophis guttatus et d'un Pantherophis emoryi dans un de mes terrariums. Les deux parents étaient vraissemblablement porteurs de ce gène récessif, ce que j'ai pu vérifier en les accouplant de nouveau les années suivantes.

Pendant ce temps là, mon intérêt pour le Serpent des blés dont je découvrais peu à peu les différentes mutations et sélections d'élevage grandit, au point de devenir en quelques années un sujet de réflexion, puis un projet d'élevage. Il est vrai qu'avec cette mutation "Scaleless" dont la facilité de maintenance comblait mes espérances, il m'eût été impossible de ne pas rêver de mutations colorées de ces incroyables Serpents nus !

Le chemin fût long car, en 2002, je ne possédais pratiquement aucune mutation de Serpent des blés. Il me fallut acquérir, petit à petit des Animaux dont le prix était plus élevé qu'aujourd'hui. Même si je maintenais des Serpents en vivariums depuis plus de dix ans, je dus apprendre à gérer les différents aspect et contraintes qu'impose un élevage. Enfin, j'ai du faire le difficile choix de renoncer à mes chers Pythons et Boas, cela afin de concentrer toutes mes ressources pour mener à bien ce projet d'élevage de Colubridés.

Beaucoup de sacrifices me direz-vous ? C'est exact, d'autant plus que j'exerçais à l'époque une activité professionnelle qui me prenait beaucoup de temps. Néanmoins, j'avais au fond de moi la conviction que ces Serpents des blés nus allaient m'emmener très loin, et ceci, dès le jour de naissance de mon premier bébé extra-terrestre !

C'est ainsi que, l'été 2005, grâce à quelques adultes enfin prets, je réalisai l'accouplement de mes "Scaleless" avec des Serpents des blés de type "Candycane rouge", "Reverse Okeetee", "Amber" et "Snow green." Les femelles entrèrent rapidement en gestation et les pontent arrivèrent sans difficulté particulière.

Les "vilains petits Canards" (très mignons au passage) qui virent le jour étaient, en toute hypothèse, porteurs des gènes des parents. "En toute hypothèse" car je n'avais alors aucune certitude que ces juvéniles eussent en eux les caractéristiques génétiques tant espérées.

Leur développement ne posa aucun problème particulier si bien que deux ans plus tard, c'est à dire l'été 2007, un petit nombre de ces "petits Canards" avait déjà leur maturité sexuelle malgré leur jeune âge.

Mes chers amis, je vous laisse imaginer l'effervescence que je ressentis lors des pontes de ces supposés hétérozygotes. Mais cela n'est rien comparé au moment où j'ai vu les premières têtes sortir ! Il m'est impossible de vous décrire l'état d'excitation dans lequel je me trouvais à ce moment là ! Cette année là, les trois pontes provenaient des projets "Snow green scaleless" et "Candycane rouge scaleless." Les premiers bébés étaient "normaux." Naturellement, un petit nombre de bébés étaient albinos ou anerythrique mais toujours pas d'individus sans écaille. Dans ces moments là, on se sent un peu funambule, trébuchant entre deux abîmes, nombre d'éleveurs comprennent bien ce que je veux dire ainsi...

Et si ce fichu gène scaleless ne se retrouvait pas ici ? Tout est possible puisque personne n'a jamais tenté ce que je suis entraîn de faire. Je marche sur un sol qui n'a jamais été foulé. Cela signifie qu'il faut s'attendre à tout : au meilleur, comme à la pire des déceptions... Et pourtant je veux croire au phare du raisonnement génétique, seule lueur perceptible à travers cette tempête d'incertitudes, dans la pénombre de mon découragement. Il faut que ça marche !

Deux jours plus tard, je pousse un grand "Ouf" de soulagement. Une petite tête nue dépasse de l'un des tous derniers oeufs. Ce n'est apparament pas un "phasé" mais l'honneur est sauf : le gène scaleless est passé ! Il est bien là, plus beau et plus "guttisé" que jamais ! Quelques autres scaleless finissent par couper leur coquille.

Il manque simplement le cerise sur le gâteau, ce pourquoi je vis depuis ma toute première Scaleless. La nature finit par me faire cette offrande le lendemain, ce 24 juillet 2007 où je vis pointer une petite tête nue... noire et blanche ! Je n'ai plus la force de rire, ni de pleurer tant cette quête m'a épuisé, alors je savoure calmement ce que l'on pourrait appeler "le repos du guerrier." Ma première mutation de couleur est née : j'ai réussi.
C'est un magnifique petit mâle "Anerythristic scaleless."

Le lendemain, une étrange petite tête nue albinos me fait de l'oeil, et voilà ma première "Amelanistic scaleless": une petite femelle aux magnifiques couleurs rouge-orangé, presque fluorescent.

DSCF0060 GF DSCF0067 GF

Sur une autre ponte, ce sera un autre petit mâle "anerythristic scaleless" qui verra le jour.

L'année 2008 verra naître quelques autres "Anerythristic scaleless" et "Amelanistic scaleless", issus du programme "Snow scaleless." A ce sujet, la toute première "Snow scaleless" nacquit le 19 juin 2008. ("Snow green scaleless" devrais-je dire, vu les couleurs vert-pomme de ce petit mâle.)

Cette année là fût aussi celle de ma première "Caramel scaleless", ravissante petite femelle, étape intermédiaire du projet initial visant à créer des "Amber scaleless." Mais peut-on encore parler de couleur caramel pour ce Serpent qui prend une coloration jaune, vert moutarde et gris-foncé ?

Enfin, 2008 verra naître ma toute première "Reverse Okeetee scaleless." Une véritable beauté dont je n'osais à peine rêver ! Comme les autres perles, cette petite femelle s'alimentera sans difficulté particulière.

En 2009, d'autres Serpents des blés nus de type "Anerythristic", "Amelanistic", "Snow" et "Reverse Okeetee" furent produits. Leur nombre étant encore très limité, la plupart ont été conservés comme futurs reproducteurs "Colubiasnakes". Cette année fût un échec pour le projet "Amber scaleless" à cause d'un incident de thermostat sur une de mes couveuses.

Quant au projet "Candycane rouge scaleless", il ne m'a donné à ce jour que des "Scaleless" possible hétérozygotes "Amelanistic", les seules "Candycane scaleless" observées étant mortes dans l'oeuf. Qu'à cela ne tienne ! Je sais que cela fonctionnera tôt ou tard.

A l'orée de la saison 2010, je suis, plus que jamais, porté par cette incroyable aventure qui ne fait que commencer. Les premiers accouplements ont démarré début mars et j'entrevois déjà s'arrondir mes femelles. J'espère vous donner bientôt de bonnes nouvelles.

A présent, voici les photos, réalisées par Nicolas. (cliquez dessus pour les agandir) :


Nico

Pantherophis guttatus SP "Amelanistic scaleless" 

 

Amela1 

 Amela2

 Amela3

 Amela4

Amela5 

 

 

 

 

 

 

 



 

Pantherophis guttatus SP "Anerythristic scaleless" 

 

 Anery1

Anery2 

 Anery3

 Anery4

 Anery5

 Anery6

Anery7 

Anery8 

Anery9 

 Anery10

Anery11 

Anery12 

 

Anery13

 Anery14

 Anery15

Anery16 

 Anery17

 




 

Pantherophis guttatus SP "Caramel scaleless" 

 

Caramel1

 Caramel2

 Caramel3

 Caramel4



 

Pantherophis guttatus SP "Reverse Okeetee scaleless" 

 

 Rev1

 Rev3

 Rev4

 Rev5

 Rev5

 Rev7

 Rev8

 Rev9

 Rev10

 Rev11

 Rev12

 Rev14 GF

 

 

Pantherophis guttatus SP "Snow green scaleless" 

  Snow1

 Snow2

Snow4 

 Snow3

 Snow5



En regardant ces images, je réalise que le travail accompli sur cette fabuleuse mutation durant ces huit années ne représente encore qu'un minuscule pas dans cette incroyable voyage au pays des gènes.

Combien de combinaisons à venir ? Combien de réussites ou d'échecs ? De doutes, de nuits blanches et de jours bénis ? De passion partagée ? Je ne le sais pas, mais après tout, peu importe, tant que de l'élevage naîtra l'émerveillement...

 

 

Voici un petit diaporamma avec des photos réalisées par la société Life on White  

http://www.slide.com/r/OEt6UZ_u6j82MGdEuiqq2e9hU_kfBLVe?previous_view=mscd_embedded_url&view=original

 



Voilà mes petits, il nous faut déjà nous quitter; je reviendrai sûrement sur cet article pour l'agrémenter de temps à autre de nouvelles photos.

J'espère que vous avez apprécié et je vous dis "A très bientôt !"

Riri


Ah oui... j'oubliais :

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16 mai 2009 6 16 /05 /mai /2009 16:44

Bonjour à tous !





Tout d'abord, je ne peux commencer cet article sans remercier chaleureusement les personnes sans qui mon travail n'aurait pu aboutir.

Stéphane Rosselle du Centre d'Elevage Reptilis avec qui je partage depuis longtemps une vive passion pour les Colubridés et particulièrement Pantherophis guttatus. Sa disponibilité, son soutien et ses précieux conseils sur l'élevage m'ont réellement permis d'avancer dans ce pojet.

Nicolas Hussard de NH Reptiles / Reptiligne qui a aussi beaucoup oeuvré dans ce projet, en en proposant le démarrage à BHB Enterprises (Etats-Unis) pendant trois ans. Ce pari fou déboucha sur un partenariat dont les retombées m'ont tout simplement permis de créér Colubiasnakes. Je ne lui en serai jamais assez reconaissant !

Brian Barczyk de BHB Enterprises qui a eu l'audace de croire en ce nouveau phénomène à l'heure où tous les "investisseurs" se tournent frénétiquement vers les innombrables phases du Python royal ou du Boa constricteur et autres Boïdés. J'espère réellement pouvoir le rencontrer un jour afin de pour lui exprimer de vive voix ma reconnaissance.


A toutes les personnes qui, d'une manière ou d'une autre, m'ont aidé dans ce projet, notament ceux qui connaissaient ces Animaux en 2006 et qui ont respecté mon souhait de confidentialité.

Merci à toi Christophe de Pogona Premium pour ton écoute et ta compréhension tout au long de ce parcours. Qu'aurais je fait sans toi ?

Merci à toi Francky, qui n'as eu cesse de me rassurer et de m'encourager.

Merci à vous Nicolas de Easy Snakes et Romain pour votre aide et sans qui les vidéos "Destination Terrario" n'existeraient pas.

Merci à toi aussi mon pti Seb pour ton aide au tout début que je n'oublirai jamais


Enfin, je ne peux oublier de remercier mon épouse Martine qui a toujours respecté ma passion pour ces drôles Animaux que sont les Serpents. Sans sa compréhension,  sa bienveillance et  son soutien, je n'aurais jamsis eu la force de faire tout ça !


Le Serpent des blés,


(Pantherophis guttatus) compte aujourd'hui parmi les Reptiles les plus emblématiques de la Terrariophilie. De taille modeste, robuste, colorée et dotée d'un tempérament pacifique, cette Couleuvre a pris une place de choix dans le coeur des passionnés. De plus, sa facilité d'élevage en a fait une pionière dans l'ère de la mutation génétique.

Il existe aujourd'hui chez ce Serpent  de nombreuses sélections d'élevage et mutations génétiques (appelées "phases".) Elles sont souvent à l'origine le fruit de hazard, et par la suite le résultat d'un méticuleux travail de sélection ou d'un calcul savamment mené.

En ce qui concerne Patherophis guttatus, jusqu'à récemment, le travail portait soit sur les couleurs ("albinos", "anerythristic", "hypomelanstic", etc.), soit sur les motifs de la robe ("motley", "striped", "diffused", etc.) De plus, il a été possible de conjuguer tous ces résultats, ce qui a rendu exponentielle la génétique de cette sympathique Couleuvre.

C'est aux Etats-Unis, pays originel de l'espèce que l'élevage du Serpent des blés a pris son essor (depuis les années soixante.) Puis, le phénomène a gagné l'Europe et bien d'autres pays, si bien qu'aujourd'hui des élevages existent partout. En matière de nouveauté, les éleveurs américains ont le monopole grâce à leur longue expérience -ils élèvent tout de même le Serpent des Blés depuis bientôt cinquante ans !

Cependant, bien des fois, le travail des éleveurs européens a réservé de bien belles surprises dans l'élevage de Pantherophis guttatus, contribuant ainsi à la réussite de cette aventure dans le monde entier.

Partant de ce constat, il est facile de se rendre compte que les projet d'élevage liés au Serpent des blés hanteront les nuits agitées des terrariophiles pendant de nombreuses années !


Le phénomène "scaleless"



Le terme "scaleless" signifie "sans écailles."

Un Serpent sans écailles, est ce possible ? Comment peut-on immaginer tel handicap pour un Animal dont de fait de posséder des écailles sur tout le corps a permis qu'il partage notre planète depuis environ 140 millions d'années ?

Pendant tout ce temps, ses écailles lui ont permis de se déplacer efficacement dans tout type de milieu et même dans l'eau (ce qui, sans membre ou nageoire n'était pas une évidence.)

Elles sont aussi un précieux bouclier contre les blessures, morsures et autres
attaques de parasites.

Enfin, que dire du rôle des écailles dans l'organisation de la livrée garantissant le camouflage chez beaucoup d'espèces ?

Finalement, sans ses précieuses écailles, notre Serpent n'aurait peut être pas su trouver sa place et la garder au sein de l'évolution des espècs !

Et pourtant, et pourtant...

Un évènement bouleversant.

Passionné par les Animaux et en particulier les Serpents depuis l'enfance, j'ai découvert la Terrariophilie à la fin des années quatre vingts. Je n'avais alors aucune intention de reproduire mes pensionnaires qui étaient des "coups de coeur" achetés en animalerie. Il faut dire aussi que, à cette époque, pour un simple amateur, le simple fait de parvenir à garder en captivité des Reptiles en bonne santé sur un long terme constituait déjà un beau défi.

Mes premières naissances ne vinrent que bien plus tard, en 1998, avec une reproduction de Pythons royaux obtenue par hasard. A ce moment là je maintenais entre autres Pantherophis guttatus et Pantherophis emoryi qui étaient encore classées en sous-espèces du Serpent des blés. (On les nommait à l'époque "Elaphe guttata guttata" et "Elaphe guttata emoryi".)

De l'union de deux de ces Couleuvres, une "guttata" et une "emoryi" vint une ponte dont beaucoup d'oeufs ne se développèrent pas. Rappelons que, à cette époque, mes Animaux n'étaient pas du tout préparés à la reproduction, tant sur le plan du nourrissage que de celui de l'hibernation, ce qui pouvait expliquer le résultat médiocre.

Sur les trois seuls oeufs vivants en fin d'incubation, de bébés de type "emoryi" sortirent. Il restait donc un oeuf à eclore. Quatre jours passèrent. Puis, le soir du quatrième jour, jetant un rapide coup d'oeil à ma couveuse, je vis mon oeuf percé et une étrange tête qui en dépassait.
Sur le moment, je n'y prétais que peu d'attention ; c'est le lendemain que j'allais avoir la surprise de ma vie...

Lorsque, le lendemain matin, ce fameux 4 octobre 2002, je revins à ma couveuse, le Serpent n'était pas toujours sorti de son oeuf. Je l'observai de plus près et il me semblait étrange, avec son drôle de museau pâle. Je préssentais quelque chose de vraiment anormal mais il m'était impossible de savoir de quoi il s'agissait.
Ce n'est qu'en fin d'après midi que, tenaillé par l'impatience, je craquai et décidai de le sortir de son oeuf. Je savais qu'il était déconseillé de le faire mais c'était plus fort que moi, je ne pouvais plus attendre.

A l'aide d'une paire de ciseaux à ongles, j'agrandis la fissure faite par le Serpent, puis je fendis la coquille parcheminée sur presque toute sa longueur. Je me rendis compte que quelquechose clochait : le Serpent avait un aspect bizzare, comme s'il n'avait pas achevé son développement. Pourtant, il était bel et bien vivant et prêt à sortir !

Avec une infinie précaution, je le sortis de l'oeuf et j'eus un premier choc : ses couleurs et ses motifs étaient inhabituels. C'était difficile à décrire. Il y avait du jaune, du violet, du gris plus ou moins clair et tout cela avait tendance à se mélanger. Les tâches aussi étaient surprenantes : elles se rejoignaient entre elles, zigzaguaient et formaient parfois des lignes sur les flancs. Mais ce fut surtout ce museau bleu-ciel vif qui éveilla mon attention. La tête, elle, avait une teinte vert-bleuté avec des nuances violettes. J'étais fou de joie : comment pouvait-on espérer de telles couleurs sur une simple "Gutt" ?

J'installai mon trésor dans une petite boîte plastique de type "Fauna box", valeureux ancètre de me actuelles boîtes d'élevage, avec du papier essuie tout et un petit ramequin d'eau.

Un heure plus tard, je revins voir mon Serpent qui semblait s'être parfaitement remis de cette intervention. Il faisait très beau ce jour là et la luminosité de ma pièce était optimale. Je décidai de le manipuler une seconde fois. Je le pris délicatement dans mes mains et je me rendis près de la fenêtre afin de lieux en profiter. J'eus  à ce moment précis le choc de ma vie : ce Serpent avait la peau nue.



Erreur d'incubation ou mutation génétique ?


Une fois mon calme retrouvé, je me mis en quête d'informations sur les Serpents nus. Beaucoup de questions me venaient à l'esprit. Ce Serpenteau était-il viable ? Y avait-il d'autres cas de Serpents nus dans le monde ? Etait-ce dû à une erreur d'incubation ou bien s'agissait-il d'une particuliarité d'origine génétique ? Et pourquoi pas les deux raisons combinées ?

Curieusement, j'obtins assez rapidement certaines réponses. N'étant pas encore connecté à Internet à ce moment, je me tournais vers les quelques ouvrages que je possédais alors. Seul l'un d'entre eux, "Serpents" des Editions Artemis parlait de ce phénomène dans un chapitre nommé "Tératologie", écrit par Gilbert Matz.

J'y appris que le phénomène "scaleless" était une mutation génétique récessive et qu'il avait déjà été rencontré chez différentes espèces comme Lampropeltis calligaster, Thamnophis SSP, Pantherophis obsoletus lindheimeri et ...Pantherophis guttatus.

Par la suite, au cours de mes recherches sur Internet, je trouvai quelques rares photos montrant des Serpents nus appartenant à certaines des espèces précitées, ainsi que d'autres espèces, mais aucun Serpent des blés.

Mes recherches s'orientèrent aussi sur des rapports scientifiques américains relativement complexes sur cette mutation. J'y appris que les premières "scaleless" avaient été trouvées dans le milieu naturel. Il s'agissait d'individus en nombre très limité des espèces Pituophis melanoleucus catenifer et Nerodia sipedon. Ces Animaux firent l'objet d'études scientifiques sur leur métabolisme. Selon ce qui m'avait été donné de comprendre, l'absence partielle d'écailles n'influait que très légèrement sur celui-ci, notamment en matière d'évaproration d'eau et d'échanges thermiques.

Ainsi, l'absence d'écailles n'était aucunement incompatible à leur survie, même si cela devait les rendre plus fragiles et surtout plus repérables par les prédateurs.

 Il est d'ailleurs plus approprié de parler de "manque d'écailles" plutôt que d'absence proprement dite. En effet, à ce jour, toute "scaleless" possède un minimum d'écailles :

       - les écailles ventrales,
       - les écailles labiales et oculaires.

De plus, des écailles sont souvent présentes (en nombre limité, parfois à l'état de traces) au milieu du dos et au niveau de la queue.

Ces dernières sont d'ailleurs fort utiles pour l'heureux possésseur d'un Serpent nu car elles sont le plus souvent le seul lien visuel fiable avec l'espèce correspondante.

*Remarque : les "scaleless" changent de peau comme n'importe quel autre Serpent. C'est tout logiquement une exuvie sans écailles que l'on retrouve à côté de l'Animal fraîchement mué. De même, les individus "scaleless" ont une peau "normale" constituée de couches externes et internes. En ce sens, certaines affirmations fantaisistes selon lesquelles ces Animaux souffrent d'avoir la peau "à vif" n'ont pas de sens. En un mot, la peau des "scaleless" est comparable à celle du Gecko Léopard dont le biotope originel et la facilité de maintenance tendent à montrer qu'un Reptile peut avoir la peau lisse sans que ce soit pour lui un handicap.

Un avenir génétique ?

Une fois mes premières craintes évaporées, notament en ce qui concerne la mue, je réalisai peu à peu la chance que j'avais eue, ainsi que le potentiel d'un tel Serpent (un petit mâle de surcroît.) Comblé par cette découverte, et assez fier il faut bien l'avouer, il m'était impensable de ne pas vouloir aller plus loin.

L'année suivante, en reproduisant les mêmes parents, j'eus la joie de récolter deux autres "bébés scaleless" dans des conditions de reproduction mieux maîtrisées. Ils étaient de couleur différente. La femelle avait des tons gris-foncé et blancs (un peu à la manière d'une "anerythristic") avec le nez bleuté, tandis que le mâle possédait des teintes noires et jaune-orangé. Avec l'âge, la femelle devint brun-orangé avec des motif gris-foncé, toujours avec le museau bleuté. Le mâle, lui, devint totalement orange-vif et noir. Quant à mon premier spécimen, après être passé par différentes nuances, il finit par arborer une robe rose-orangé avec des tâches d'un noir soutenu.

L'année 2004 fut un échec, probablement dû à un déménagement en début de saison de reproduction ou bien d'une mauvaise incubation.

En 2005, je fus bien plus chanceux avec sept nouveaux bébés sans écailles dont la plupart possédait une robe rouge-clair avec des tâches plus ou moins cerclées de noir.

En 2006, quatre autres virent le jour.

En 2007, une quinzaine de bébés aux couleurs allant de l'ocre-jaune au rouge presque foncé en passant par diverses nuances de orange, et toujours avec des motifs variés.

Et ainsi de suite les années suivantes...

Ces naissances successives au sein d'une même lignée, puis, sur des lignées différentes attestent du caractère résolument génétique de ce phénomène. Il s'agirait bien là aussi d'un gène récessif puisqu'il y a des individus "scaleless" et "hétérozygotes scaleless."

Même si le taux de fécondité de mes Serpents nus semble amoindri comparativement à d'autres phases (observations personnelles restant à confirmer), il n'en demeure que les indivdus "scaleless" produits au sein de mon élevage sont bien l'oeuvre de la génétique, vivent en parfaite santé apparente et sont tout à fait capables de donner descendance ! Si le nombre d'oeufs pondus semble inférieur à celui d'un classique Serpent des blés, c'est peut être tout naturellement la conséquence du croisement de ce dernier avec son proche cousin Pantherophis emoryi, bien moins prolifique.

Il m'est à ce jour difficile d'établir des règles précises et durables quant aux modalités de fonctionnement du gène "scaleless" car, même après sept ans de vécu, j'estime ne pas avoir le recul nécessaire.

A cet égard, je ne peux qu'émettre des hypothèses et des conclusions basées sur l'expérience sur cette espèce:

       - l'absence (ou plutôt le manque) d'écailles est le résultat d'un gène récessif ; il y a donc des "scaleless" et des "hétérozygotes scaleless" ;

       - les bébés "scaleless" n'ont apparament pas plus de problèmes de santé que les autres Serpents ;

       - cette mutation se rencontre chez les deux sexes ;

       - les deux sexes sont fertiles ;

       - cette mutation se transmet sur différentes lignées ;

       - ce gène peut se combiner avec d'autres gènes (l'avenir nous dira si tous les gènes connus à ce jour peuvent se conjuguer avec lui) ;

       - tous mes Serpents nus sont issus d'accouplment "scaleless X hétéro scaleless" ou bien "hétéro scaleless X hétéro scaleless". Les premières pontes "scaleless X scaleless" ont eu lieu cette année. Placées en couveuse elles devraient éclore dans quelques semaines...

       - le nom officiel des Serpents nus issus de mon élevage est "Pantherophis guttatus SP scaleless" car la souche première est le fruit du croisement entre Pantherophis guttatus et Pantherophis emoryi. Ce ne sont donc pas de "purs" Serpents des bés mais on ne peut pas tout à fat les considérer comme des hybrides "purs et durs" à l'image des "Jungle corn" (Pantherophis guttatus X Lampropeltis SSP.) Il serait vrissemblablement plus appropriés des les considérer comme des "ex-intergrades", à l'instar des phases "creamsicle", "rootbeer" et autres "cinamon".

         Néanmoins, si certains "puristes" tiennent à classer ces Serpents et leur descendance "guttisée" au rang des hybrides, cela se respecte au vu de l'actuelle taxonomie qui définit Pantherophis guttatus et Pantherophis emoryi en deux espèces distinctes. Laissons leur ainsi cette liberté.




Conclusion

Non seulement les Serpents nus existent, mais certains d'entre eux sont parfaitement capables de vivre et de se reproduire en captivité. Avec l'arrivée de tels Animaux dans les bacs des passionnés, l'élevage du Serpent des blés pourrait bien pendre une nouvelle dimension car ce gène révolutionnaire est encore bien loin de nous avoir livré tous ses secrets.




"Parions que dans l'immense casino de la génétique, cette mutation aussi surprenante que fabuleuse constitue une nouvelle donne, où chaque carte tirée mènera assurément son joueur au coup de poker."



































Des juvéniles de la saison 2009 seront très bientôt disponibles chez Colubiasnakes et au Centre d'élevage Reptilis. N'hésitez pas à nous contacter si cela vous intéresse.

Voilà les enfants ! J'espère que cela vous a plut. Certains d'entre vous vont trouver cette nouvelle mutation fabuleuse. D'autres diront que c'est contre nature et que cela ne devrait pas exister. Quoi qu'il en soit, il est important de respecter les avis de chacun car la Terrario n'est pas une dictature où il n'existerait qu'une façon de voir les choses.

Que les Scaleless s'invitent dans les bacs des passionnés, c'est une chose. Néanmoins, cela ne remettra jamais en question les projets extraordinaires, passés, présents et futurs, que représentent nos actuels Serpents des blés !

A très bientôt !




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